Témoignage sur le métier d’éducateur canin comportementaliste!
Pouvez-vous vous présenter en tant qu’éducateur canin comportementaliste ?
Je m’appelle Éric Tramson, je suis éducateur canin comportementaliste, depuis plusieurs années. Je possède un centre de formation canin situé à Trans en Provence dans le Var homologué par les services vétérinaires.
J’ai pour spécialité, l’éducation des chiots et la rééducation des chiens agressifs, chiens mordeurs et je suis par ailleurs l’auteur d’un livre : « Le chien de vous à lui. » publié aux Éditions Sydney Laurent. Mon combat sauver les chiens de l’euthanasie et de l’abandon.
Je rédige cet article pour vous parler du métier éducateur canin comportementaliste.
Mon parcours professionnel a commencé en tant que parachutiste, puis militaire au prestigieux 132ième bataillon cynophile de l’armée de terre basé à Suippes. Je me suis dirigé ensuite en tant que formateur interne et conducteur au sein de plusieurs brigades cynophiles dans la Police Municipale. Assez naturellement, je me suis intéressé à cette époque de ma vie au monde du Ring et du Mondioring. Mon chien Snipper de race berger belge Malinois a d’ailleurs obtenu un titre de champion de Provence dans cette discipline mais aussi divers autres palmarès.
Ce parcours m’a amené à côtoyer des chiens au caractère très affirmé, des chiens de compétitions. Les erreurs d’éducation et de dressage se payent chers dans ce milieu, pour le maître comme pour le chien. Je ne pense pas simplement aux résultats sportifs mais aux conséquences d’une formation rendant le chien instable émotionnellement.
Les ringueurs partagent parfois leur vie privée avec leur chien. Ce fut le cas pour moi. Snipper vivait au contact de mes enfants. Tout ne m’a pas convenu dans ce monde, cela m’a permis de mettre en place ma propre philosophie du dressage et de l’éducation canine basée d’avantage sur l’expérience que sur une théorie apprise.
Si une partie de mon activité est tournée vers l’entrainement et la formation des chiens au mordant ou la défense, cela ne représente pas mon unique centre d’intérêt ! J’éduque les chiots de toutes races et de tout type sans stigmatiser. J’aide les propriétaires rencontrant des problèmes d’éducation de tous ordres, je forme des éducateurs canins, je sensibilise les enfants aux bons comportements à adopter face à un chien…
J’aime transmettre et enrichir mes connaissances. On apprend tous les jours au contact des animaux.
Le quotidien d’un éducateur canin comportementaliste
Votre activité est-elle saisonnière ? Le cas échéant, à quelle(s) période(s) avez-vous le plus de demandes et à quelle(s) période(s) en avez-vous le moins ?
Personnellement, je travaille davantage le week-end, mais les professionnels qui entraînent les chiens aux concours canins le font de préférence la semaine. Tout dépend donc des spécialités choisies.
En dehors de cela, je ne constate une diminution de la demande qu’au mois d’aout et bien évidemment suite à la COVID 19 cette pandémie qui cause un problème dans tous les secteurs d’activité.
Comment se passe une séance d’éducation avec un chien ?
Je suis un artisan. Rien chez moi n’est standardisé et je n’appartiens à aucune école d’éducation. Cela me laisse la liberté d’utiliser différentes techniques en fonction du chien et des circonstances et de l’objectif du propriétaire.
Combien de temps dure-t-elle ?
Les clients qui me confient l’éducation d’un chiot s’engagent avec moi sur le long terme avec parfois des objectifs particuliers comme la formation d’un chien de garde et de protection. Ils ne viennent pas à la séance.
Lorsque j’éduque un chiot, j’organise des cours de familiarisation dans ma structure. Je fais intervenir des chiens adultes équilibrés et des enfants. J’accoutume les chiens aux bruits divers, aux vélos, aux cris…j’utilise des matériels dédiés à cet effet.
D’autres séances sont proposées en ville, en individuel ou en collectif, petits et grands confondus.
D’autres séances encore sont dédiées à l’obéissance. Je mélange volontiers les profils et les âges. Je trouve que cette approche est profitable à tous.
D’anciens chiens agressifs rééduqués viennent souvent se joindre à ces cours. Les propriétaires apprécient de pouvoir confronter leur chien aux autres en ayant le support d’une structure et la supervision d’un professionnel. Quant aux chiots et aux autres chiens, ils apprennent la vie en collectivité avec toutes sortes de profils, comme dans la vie, mais sous surveillance afin d’éviter tout débordement.
Une partie de la formation est dédiée à la théorie. Elle intervient sous forme de dialogue avec les maîtres après ou entre les périodes d’exercices. Je distribue aux propriétaires de chiots des fiches donnant des conseils sur la façon de gérer son animal au sein de la famille, des indications sur l’évolution comportementale de leur animal en fonction de son âge.
Comme vous pouvez le constater, j’envisage l’éducation du chiot d’une manière globale.
Je ne distingue pas l’obéissance, la familiarisation, la théorie. C’est un tout. Je ne me focalise pas non plus sur une durée de cours déterminée. Mes clients restent souvent plus de deux ou trois heures et je suis payé régulièrement à la mission plutôt qu’à l’heure. Il faut dire que ma clientèle habite souvent loin de mon entreprise et qu’il serait compliqué d’envisager les choses sous forme de cours d’une heure.
L’éducation n’est qu’une partie de mon activité. Ma spécialité est la rééducation des chiens agressifs et mordeurs avec ma méthode salivaire. Ces séances durent une journée complète. Elles sont le point de départ d’une nouvelle relation entre l’animal et son maître ; un long chemin restera à parcourir avant que ces résultats deviennent pérennes. Tout dépendra de la persévérance du maître dans la nouvelle gestion de son animal.
De nombreux clients me demandent de former leur chien à la défense et à la garde. Encore une fois il s’agit d’une mission qui s’adapte aux besoins et à l’environnement de chacun. Une partie de la formation s’effectue au sein de ma structure mais je me déplace chez le client. Là encore, je travaille au forfait.
Comment devenir éducateur canin?
Combien de séances sont nécessaires, pour éduquer un chien ou un chiot?
Le profil du maître, plus que celui du chien, déterminera le nombre de séances nécessaires à l’éducation d’un chiot.
S’il n’en est pas à son premier chien et qu’il adopte toujours la même race, il peut devenir autonome très vite. Ces personnes souhaitent souvent approfondir leurs connaissances en matière d’éducation canine afin d’éviter quelques erreurs qu’elles ont pu, commettre précédemment et comprennent très vite ce qu’elles doivent faire.
Un client venant avec son premier animal aura tout à apprendre et s’il est curieux et veut bien faire, restera peut-être un certain temps dans ma structure.
D’autres personnes encore décident de changer de race se sentent démunies face à la différence de tempérament. Donc d’approche d’une race à l’autre. Je pense à une personne qui possédait précédemment un labrador femelle, et qui avait décidé d’adopter un Cané Corso mâle. Je l’ai rencontré est son animal avait presque 5 mois et lui donnait du fil à retordre. Cette personne se retrouvait dans la position d’un propriétaire face à son premier chien, et est resté plusieurs mois en notre compagnie.
Quels sont les plus grands challenges que vous rencontrez, les plus grands défis à relever en tant qu’éducateur canin comportementaliste?
Rééduquer des chiens agressifs ayant déjà mordu leurs propriétaires ou prévus à l’euthanasie représente en soit un très grand challenge.
Convaincre leurs propriétaires que l’origine du problème réside souvent dans le dysfonctionnement de leur relation avec leur animal, par méconnaissance de sa nature ou de ses besoins est encore plus compliqué.
Remarquez-vous de réelles différences d’une race, d’un type (ou d’un groupe de races) à l’autre ? Si oui, dans quelle mesure l’éducation canine peut avoir un impact sur ces différences ?
Absolument. Nos ancêtres ont sélectionné, pendant plusieurs centaines d’années, voire davantage pour certaines races. Des patrimoines génétiques différents en fonction de leurs besoins. Le chien était avant tout utilitaire. Il chassait, gardait la ferme ou le bétail ou encore conduisait le troupeau. Pour chaque fonction, un type morphologique et des traits de caractère étaient encouragés lors de la reproduction.
* Avez-vous déjà vu un agent de sécurité choisir un setter irlandais comme compagnon de travail ? C’est un chien de grande taille.
*Connaissez-vous un chasseur vantant les mérites du malinois pour la traque ou le rapport du gibier ? On peut apprendre à ce chien possédant un excellent flair. Les chasseurs trouvent plus pratique de choisir une race ayant déjà l’instinct de la tâche à accomplir. Cela nécessite moins de temps et de compétences.
*Les compétiteurs en concours d’obéissance affectionnent ils les mastiffs et les chow chow ? Non, ces deux races, et bien d’autres, sont réputées pour leur peu d’intérêt pour le dressage.
Tous les chiens répondent aux codes sociaux liés à leur espèce, leurs aptitudes physiques et mentales divergent en fonction de leur groupe de race et de leur race.
Au sein d’une même race, vous trouverez des individus répondant plus ou moins au profil mental général du groupe, prétendre que la race n’a aucune influence sur le comportement du chien est malhonnête.
Vous posez une question très intéressante : La part de l’instinct dans le comportement canin et dans quelle mesure l’éducation peut atténuer les tendances prés existants qui ne nous conviennent pas ou les « détourner ».
Pour ma part, je pense que l’instinct inscrit dans chaque race devrait être réellement pris en compte par les futurs maîtres avant toute décision d’achat. Aujourd’hui les chiens occupent dans nos foyers un rôle presque exclusivement d’agrément. Nous nous focalisons souvent sur leur esthétique en oubliant leur part d’inné et les besoins liés à la race.
L’éducation canine, peut atténuer la plupart des traits de caractère, mais pas les inhiber complètement.
Par exemple, l’instinct de prédation existe chez tous les canidés. Ce sont à la base des carnivores, lorsque l’on choisit pour compagnon un jack Russel ou un braque, deux races de chien de chasse, on pourra leur apprendre à respecter les animaux de la famille (chat, lapin.),leur instinct les poussera à considérer facilement comme proie, un animal étranger à leur cercle. Il faudra faire appel au dressage et leur apprendre le rappel.
Tout ceci demande du temps, de l’implication et souvent le recours à un bon professionnel. Tous les propriétaires n’en sont pas conscients au moment de l’achat. Ils viennent nous voir avec des chiens déjà adultes et un emploi du temps chargé ce qui ne simplifie rien.
Un autre exemple d’instinct qui peut poser un problème est l’instinct de protection lié aux races de défense et de garde. Ces chiens sont souvent qualifiés à tort de peureux et agressifs. Ils ont été sélectionnés pour leur méfiance face à l’inconnu. Familiarisés au monde extérieur dès leur arrivée au foyer et éduqués correctement ces chiens peuvent se montrer sereins que les autres en société. C’est la, non prise en considération des instincts dès le début qui conduit aux difficultés ultérieures que nous sommes chargés de corrigés par la suite. C’est un travail beaucoup plus long et compliqué.
Je plaide pour une meilleure information du public à ce niveau dans l’intérêt de tous pour ce métier d’éducateur canin comportementaliste.
Parlons à présent des « besoins » du chien. Tous les chiens, ont besoin d’être promenés par exemple. Lorsque vous choisissez un Husky, parce que vous êtes tombé amoureux de ses yeux bleus, vous devez avoir à l’esprit qu’il a été sélectionné pour son envie de parcourir de longues distances chaque jour.
Si vous êtes un couple de cadres supérieurs travaillant dix heures par jour, Il est fort à partir que votre chien trouvera un moyen de sortir de son jardin pour divaguer dans les rues, ce qui ne sera pas du gout de tout le monde. Pour résoudre ce problème, comme pour bien d’autres, on pourra trouver un « substitut ». Dans le cas présent un tapis de course.
La plupart des problèmes rencontrés par les propriétaires sont solvables avec une prise en charge adéquate, il serait préférable de les anticiper ne pensez-vous pas ?
À vos yeux, l’âge du chiot ou du chien joue-t-il un rôle déterminant ? Le cas échéant comment et pourquoi ?
Trop peu de maîtres savent que leur chiot de deux mois possède une aptitude maximale à intégrer différents environnements, différents profils humains (homme, femme, enfants, races, uniformes.); différentes races animales, qu’il perdra au plus tard à quatre mois.
Tous les acquis obtenus par une familiarisation répétée durant cette période seront inscrits de manière très stable dans son psychisme.
Une fois cette période passée, les chiens pourront bien évidement acquérir de nouvelles capacités relationnelles, au prix de beaucoup plus d’efforts de la part du maître.
Un chien qui a « appris à apprendre » par un environnement riche en stimulis extérieurs dans la première phase de sa relation avec son maître sera plus à même d’intégrer de nouvelles compétences en grandissant qu’un chien privé à cet âge d’un environnement varié.
En termes d’éducation à présent, il est simple de revenir sur des erreurs lorsque le chiot a entre quatre et six mois. Un peu moins durant son adolescence et cela devient encore plus difficile à l’âge adulte.
Les lacunes en matière de familiarisation où les erreurs d’éducation n’auront pas le même impact d’une race à l’autre. J’ai remarqué qu’il était plus facile de revenir sur les mauvaises habitudes d’un malinois que d’un berger allemand. La non-familiarisation aux enfants ou à des bruits urbains se rééduque plus simplement s’il s’agit d’un labrador que d’un chien de garde et de défense.
Et ce qui vous déplaît le plus en tant qu’éducateur canin comportementaliste ?
Les critiques gratuites sur internet de la part de personnes qui ne m’ont jamais rencontré. En soit la critique est bonne et peut faire progresser lorsqu’elle est argumentée et constructive. L’invective n’a pour but que de détruire et n’apporte rien.
Vous arrive-t-il de refuser des missions ? Le cas échéant, pour quelles raisons et à quelle fréquence ?
Je ne parviens parfois pas à m’entendre avec un client sur la mise en place d’un programme ou une tarification.
Il arrive que je refuse la formation d’un chien de garde et de défense. Si je pense, que ses propriétaires ne sont pas cohérents dans leurs attentes ou qu’ils ne sont pas prêts à assumer la gestion de ce chien.
Vous arrive-t-il d’échouer ? Le cas échéant, comment faites-vous en tant qu’educateur canin ?
Ma spécialité conduit parfois à des échecs.
Certains chiens, c’est plutôt rare, souffrent de problèmes neurologiques qu’aucune rééducation canine ne peut résoudre. Je demande aux clients de consulter un vétérinaire afin qu’il examine l’animal. Si le scanner confirme mon intuition, je rembourse le propriétaire.
Il arrive que je parvienne à rééquilibrer le comportement d’un chien particulièrement dominant et se comporte tout à fait normalement, mais que je constate que ses propriétaires ne sont pas aptes à reprendre en main leur animal.
Il peut y avoir différentes raisons à cela, une détresse émotionnelle due à un deuil, une séparation, ou simplement un caractère qui n’est pas compatible avec la gestion de ce chien. Heureusement, ce constat n’est pas fréquent.
Mes clients traversent parfois la France ou viennent de plus loin encore dans l’espoir de sauver leur compagnon. Ils sont souvent déterminés à trouver une solution et prêts à modifier leur comportement si nécessaire. Il leur manquait une compréhension claire des causes et une marche à suivre pour la suite.
Je me rappelle une jeune femme célibataire accompagnée d’un American Staffordshire Terrier qu’elle avait recueilli à la SPA. Après avoir beaucoup pleuré, cette femme est repartie prête à assumer ses choix.
Avez-vous déjà eu des frayeurs dans l’exercice de votre métier ?
Étant donné ma spécialité, me croiriez-vous, si je vous disais que non ?
Je me rappelle d’un dogue allemand prénommé Jo, prévu à l’euthanasie. Je suis parvenu à le faire lâcher prise et à accepter mon autorité. Cette séance fut psychologiquement éprouvante pour moi.
Un chien se soumet à une énergie vitale supérieure à la sienne. La carrure physique aide mais ce n’est pas un facteur déterminant de réussite. Il faut se concentrer et puiser en soi cette « énergie » sans se laisser envahir par la peur. Le chien remarquerait immédiatement votre faiblesse. C’est un champion du langage corporel !
Y a t-il un moment dont vous êtes particulièrement fier depuis que vous faites ce métier ?
Je me sens très fier quand je parviens à rétablir une relation harmonieuse entre un chien et ses propriétaires. Si ce dernier, était prévu à l’euthanasie ou que ses maîtres avaient totalement perdu confiance en leur animal.
Je pourrais parler de James, un malinois de cinq ans qui prenait, quatre comprimés de Prozac par jour. Il manifestait, malgré cette dose massive de calmants, une agressivité très importante envers les humains et ses congénères.
Au terme d’une année de collaboration avec ses propriétaires, James ne prenait plus qu’un cachet de Prozac par jour et participait sans problème à des cours d’éducation collectifs au sein de ma structure. Il était capable d’accompagner ses maîtres en ville lors de leurs déplacements, sans que cela ne pose de problème.
Ce travail crée des liens très forts, et c’est sans doute la plus grande satisfaction de mon métier.
Qu’ est ce qui vous plait le plus au quotidien dans votre métier éducateur canin comportementaliste?
Être au contact permanent des chiens en premier lieu. Chacun d’eux représente un nouveau challenge et est source d’émotions positives. J’aime la profondeur des relations humaines que l’on peut établir avec les propriétaires lorsque l’on fait ce métier avec passion.
Que diriez-vous à une personne estimant qu’il est inutile de faire appel à un professionnel canin pour éduquer un chiot ou un chien ?
Tout dépend de la qualité de la relation que l’on attend et de ses expériences passées.
Une personne ayant vécu depuis son enfance au contact d’une race a peut-être appris de façon empirique à la gérer dans un contexte particulier.
Une autre choisira une femelle d’une race réputée pour sa docilité et s’accommodera de ses défauts d’éducation éventuels.
Il me semble que la plupart des maîtres auraient tout à gagner à se former lors de l’acquisition de leur chiot afin d’anticiper les problèmes éventuels et de vivre une relation vraiment sereine avec leur compagnon.
Notre environnement et nos attentes ont beaucoup évolués par rapport à ceux de nos grands-parents. Nous sommes plus citadins et exigeants. Il n’est plus toléré, comme par le passé, qu’un chien, même inoffensif, divague dans les rues. Les procès intentés aux propriétaires de chiens mordeurs se multiplient et les aboiements intempestifs ne sont pas acceptés au sein des immeubles et des lotissements.
Est-ce un métier accessible à tous ? ( formation, d’âge, de caractère.)
En principe oui, dès l’âge de seize ans, il est possible d’obtenir une attestation permettant d’exercer cette profession
Pour n’importe quelle activité, des aptitudes et une formation solide sont nécessaires.
La passion est le premier moteur. Il faut vouloir vivre au contact permanent des chiens et avoir à cœur de transmettre son savoir. Un éducateur canin est un enseignant et à ce titre il doit posséder les qualités que l’on attend d’un pédagogue :
– La psychologie. : nous formons les maîtres bien d’avantage que leurs chiens.
– des facultés de leadership : un éducateur canin doit être capable de guider un groupe lors de séances collectives. S’il est naturellement sur la réserve, il parviendra difficilement à motiver les propriétaires de chien à progresser dans leur apprentissage, que l’on parle de dressage, d’éducation ou de sport canin.
– une vraie connaissance du monde canin :
La théorie est indispensable et s’enseigne de préférence au sein d’une école spécialisée. Il peut s’agir d’une école privée ou d’une formation dispensée par l’état (l’armée, la police, la gendarmerie…).
Un passionné s’intéressera à diverses écoles d’éducation canine, puis sa sensibilité le poussera peut-être à en privilégier une ou à en utiliser plusieurs en fonction des circonstances et de ses spécialités. (Dressage, éducation de chiot, sport canin…). Je citerai par exemple l’éthologie, le clicker-training, la méthode classique…
Le monde canin est vaste et les clients s’attendent à ce qu’un éducateur canin ait des notions solides dans de nombreux domaines liés à sa pratique (diététique, santé, croissance …)
Bien entendu, la théorie ne suffit pas. Seule une longue pratique donnera l’assurance tranquille qui se dégage d’un enseignant qui connaît son métier.
Sur un autre plan, une bonne santé est également préférable. Il s’agit d’un métier d’extérieur que l’on exerce par tous les temps. Il ne demande pas des aptitudes physiques exceptionnelles mais un certain dynamisme.
Que pensez-vous des formations à votre métier (accessibilité, critères de sélection, niveau d’exigences, qualités de la formation, équilibre entre théorie et pratique…)
Des formations très diverses conduisent à l’exercice de cette profession comme je l’ai expliqué lors de votre précédente question.
Les acquis obtenus selon la filière choisie ne sont pas comparables. Certaines écoles dispensent une formation plus théorique alors que d’autres voies s’appuient sur la pratique mais ne couvrent pas la totalité des connaissances indispensables à l’exercice de cette profession.
Il n’y a pas de « voie royale » en ce domaine. L’Ideal serait de cumuler diverses expériences, sans à priori idéologique. De se former à plusieurs écoles ou les institutions armée, police, gendarmerie sans oublier les lycées agricoles.
Chaque filière a quelque chose à nous appendre du monde canin, même le Ring ! Vous pourrez contester par la suite certaines pratiques, mais vous aurez appris à connaître le monde de la compétition et le dressage de chien de caractère.
En matière d’éducation canine, je ne crois pas qu’une seule approche réponde à tous les problèmes quelques soit le chien et la circonstance. C’est aussi absurde que d’imaginer qu’une réponse éducative standardisée correspondrait à tous les enfants quelques soit leur passé et leur caractère.
Quels sont les coûts pour se lancer ?
Si l’on souhaite en faire une activité à plein temps, je pense qu’il faut au minimum posséder une voiture et une structure dédiée à cet effet, contenant le matériel canin homologué pour pouvoir entraîner les chiens à l’agility et d’autres sports, si vous avez les agréments pour l’enseigner.
Est-il compliqué de se lancer ?
Vous devrez gérer l’administratif, les finances et la publicité de votre entreprise, comme tout indépendant. C’est une charge de travail non négligeable.
Cela représente un certain investissement financier de départ. Il vaut mieux être sûr de soi et de ses compétences avant de se lancer, car vous ne bénéficierez plus de la protection sociale associée au statut de salarié.
De développer et fidéliser sa clientèle ?
L’offre est conséquente dans notre secteur d’activité. Je ne suis pas certain que surfer sur la vague de la méthode d’éducation à la mode suffise à vous procurer un revenu stable et suffisant. Il vaudrait mieux élargir son offre en proposant la pratique de spots canins, le gardiennage de chien pendant les vacances, des cours à domicile, vendre du matériel canin ou, pourquoi pas, proposer de la balnéothérapie.
Les possibilités dépendent de vos compétences personnelles et de vos moyens financiers.
Fidéliser sa clientèle est un sujet plus complexe. L’écoute, la disponibilité, le suivi des clients me semble être la base de la satisfaction qui conduit à la fidélisation. Donner des cours d’éducation collective pour chiots de façon robotisée, sans donner de conseil en matière d’éducation canine, sans informer le client des différentes phases de l’évolution comportementale du chiot…parce que l’on considère que c’est le travail du comportementalisme et que l’on n’est pas payé pour cela, conduit à mon sens à une impasse en termes de satisfaction du client.
Pensez-vous qu’il y ait une réelle différence de qualité d’un éducateur canin à l’autre ?
Bien entendu. La formation, l’expérience et le talent font la différence, comme dans n’importe quelle profession.
Le talent par définition est rare, il se reconnaît très vite. Ces profiles n’ont en général aucun problème à vivre de leur activité, s’ils savent transmettre leur savoir.
L’expérience et la formation sont très efficace et gage de qualité pour le client. Ce dernier peut appuyer son choix sur le CV du professionnel : La variété de ses expériences, la participation à des concours canins, la preuve d’une formation de longue durée à une méthode d’éducation particulière…
Je ne pense pas que l’on puisse « tricher » longtemps dans ce secteur. « C’est au pied du mur que l’on reconnaît le maçon ». Un propriétaire, même néophyte, ressentira vite si la personne en charge de son animal connaît ou non son travail.
Pensez-vous qu’un bon éducateur canin est forcément un bon comportementaliste et l’inverse ?
Personnellement je ne conçois pas l’un sans l’autre. C’est la variété des taches qui rend mon travail passionnant et enrichissant.
On peut peut-être être un comportementalisme et ne pas vouloir éduquer des chiots au sein d’une structure en cours collectif ou pratiquer le dressage, je ne comprends pas comment on pourrait efficacement faire l’inverse.
Le client ne conçoit pas cette distinction récente faite entre l’éducation et le comportement. Il attend de l’éducateur canin auquel il confie son chien une formation complète et efficace pour pouvoir vivre dans les meilleures conditions avec son animal dans le futur. Personnellement, je dispense une formation théorique et pratique aux propriétaires.
Je leur explique les différentes phases d’évolution comportementale de leur chiot. la conduite à tenir à la maison, les erreurs d’éducation les plus fréquentes et surtout, je les laisse expliquer leurs problèmes et leur mode de vie afin de trouver ensemble une solution à leurs difficultés. J’insiste, le dialogue avec mes clients existe peu importe la raison pour laquelle ils m’ont contacté et ma mission : dressage, sport canin, éducation du chiot … ou ma spécialité, la rééducation des chiens mordeurs et agressifs.
Diriez-vous que c’est un métier difficile ? Pourquoi ?
Ce doit être une passion plus qu’un métier. Rien n’est jamais acquis d’avance avec d’êtres vivants. Chaque chien est différent est représenté un nouveau challenge ; un peu comme un cuisinier qui remet sa réputation en jeu à chaque service.
Il faut aimer le contact humain. Les maîtres sont émotionnellement très impliqués quant on s’occupe de leur animal de compagnie. Vous touchez à leur sphère privée.
En termes de revenus, à quoi peut-on s’attendre dans ce métier éducateur canin comportementaliste?
Honnêtement, il n’est pas évident de vivre exclusivement de cette activité. Beaucoup l’envisagent comme un complément de revenu à l’élevage comme par exemple, le gardiennage ou autre. D’autres l’exercent par passion en dehors de leur activité professionnelle.
Pour être réellement rentable, comme je l’ai dit plus haut, il faut être polyvalent :
– Faire de la formation d’éducateur canin, d’agent cynophile, de police municipale.
– Proposer des sports canins (Agility, mordant, pistage…), ce qui implique de posséder une structure équipée.
– Eduquer les chiots et dresser les chiens sur site ou à domicile
– Etre éducateur canin et comportementaliste.
La liste n’est pas exhaustive, et chacun développera son « mix » personnel. Je veux simplement souligner le fait qu’il n’est pas simple de s’installer et qu’il vaut mieux développer le panel de ses compétences avant de songer à le faire.
Certains parviennent à devenir des spécialistes d’un problème comportemental ou sont reconnus pour le dressage des chiens de chasse ou encore dans la pratique d’un sport particulier.
En ce qui me concerne, je suis spécialiste des chiens mordeurs et agressifs et j’ai inventé la méthode salivaire.
Ces spécialisations sont le fruit d’un long parcours professionnel.
Pensez-vous que c’est un métier qui va évoluer ? Si oui comment ?
L’accès à la profession n’est pas correctement encadré. Aucune formation de longue durée, délivrant un diplôme reconnu par l’état n’est exigée pour exercer le métier de comportementaliste ou d’éducateur canin.
Face à ce vide juridique, des franchises commencent à voir le jour. Elles assurent au client une sélection des intervenants et des pratiques d’éducation canine homogènes. C’est la « promesse de la marque ».
De leur côté, les indépendants n’ont plus à gérer leur publicité, le référencement de leur site web et bénéficient du support de la marque en termes de standard téléphonique, de centrale d’achat ….
Cette formule est promise à un bel avenir.
Je vois tout de même un inconvénient pour le client et pour les chiens à la saturation du marché par ces franchises.
Ces enseignes auront tendance à ne prendre aucun risque commercial et imposeront une méthode standardisée non sujette à controverse.
Le chien n’est plus, au centre des préoccupations en tant qu’être vivant unique.
Les chiens ou les races de chiens qui ne répondront pas positivement à ce type d’approche risquent d’être bannis socialement. C’est déjà le cas dans certaines régions européennes qui imposent une méthode unique d’éducation canine.
Je pense à des cantons suisses qui interdisent de plus en plus de races de chiens de caractère en raison du principe de précaution. Aussi parce qu’idéologiquement ils refusent d’admettre qu’à une diversité de caractères doit correspondre une diversité de méthodes d’éducation. Au nom de la « douceur » ils préfèrent limiter la variété des races et des méthodes et éventuellement euthanasier les récalcitrants.
De nombreux propriétaires de chiens suisses traversent la France pour venir chercher chez moi ce qui n’existe pas chez eux.
Les franchises ne sont en rien responsables de ces décisions d’état. Je soulève simplement un problème qui pourrait survenir si une seule approche annihilait toutes les autres. En dehors des franchises, de nouveaux intervenants sur le web promettent d’aider les indépendants à se rendre plus visibles et attractifs commercialement moyennant un abonnement. Cette formule est onéreuse, elle deviendra indispensable dans un monde de plus en plus digitalisé.
Une autre tendance en plein essor est la vente de cours en ligne, cette formule s’adresse à tous particuliers et aux professionnels.
Enfin, je crois que les propriétaires de chien attendront de plus en plus des éducateurs canins. une réponse globale à leurs problématiques. Les franchises l’ont d’ailleurs bien compris en proposant un service de conseil à leurs membres.
Il faudra pouvoir être comportementaliste, éthologue, éducateur, diététicien … pour les satisfaire.
Que conseilleriez-vous à une personne qui envisagerait d’exercer votre profession ?
De se former au sein d’une école vraiment qualifiante. D’être curieuse, ouverte, sans à priori , cumuler les expériences pratiques afin de trouver dans quelles spécialités elle se sentira le plus à l’aise.
Voir cet article: https://erictramson.com/formation-capture-de-chien-errant-agressif-mordeur
Eric TRAMSON, Éducateur canin « comportementaliste »
(Organisme de formation déclaré par l’État et Certifié DATADOCKE)
Visitez mon site : https://www.erictramson.com
École des chiots
Spécialiste des chiens agressifs et mordeurs
You tube: https://www.youtube.com/c/erictramsoneducateurcanin
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Consultant canin, références médias : TF1, W9, M6, France TV…
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